Aujourd’hui, quasiment 4%* des gaz à effet de serre sont générés par un ensemble d’impacts environnementaux numériques, appelé aussi pollution numérique. Ces impacts ont lieu tout au long du cycle de vie des équipements numériques (télévision, radio, souris d’ordinateur, tablette, calculatrice, ordinateur, clef USB, etc..), que ce soit lors de leur fabrication ou de leur utilisation.
Aujourd’hui et dans le monde, on répertorie plus de 34 Mds d’équipements et 5 Mds d’utilisateurs. Chaque utilisateur possède donc en moyenne 4 équipements connectés et les utilise plus de 6h30 par jour ! En France, le nombre d’équipement par habitant avoisine 15.
Et vous, combien en avez-vous ?
Sous quelle forme se traduit cette pollution numérique ?
Pour calculer la pollution générée par le numérique, nous devons prendre en considération plusieurs impacts environnementaux :
1. Epuisement des ressources abiotiques
À quelle étape utilise-t-on le plus de ressources abiotiques ?
- 100% lors de la fabrication des terminaux.
Les ressources abiotiques sont les matières premières minérales dites fossiles nécessaires à la fabrication des objets numériques.
Ces ressources sont critiques, non renouvelables et s’épuisent inéluctablement.
Dans 1 à 2 générations ces ressources seront épuisées et ne nous permettront plus la fabrication de nouveaux terminaux.
Exemple de ressources : L’antimoine est un composant électronique nécessaire à la soudure. Son stock sera vide dans 12 ans.
Il est donc de plus en plus urgent de préserver ces ressources. On compte aussi, en parallèle, sur la R&D pour remplacer ces matériaux ou sur la découverte de nouveaux gisements sur terre et/ou pourquoi pas dans l’espace !
2. Tension sur l’eau douce
À quelle étape l’utilisation d’eau douce est-elle la plus importante ?
- 80% lors de la fabrication et 20% lors de l’utilisation des terminaux.
En moyenne et par citoyen du monde, on consomme 2000 litres d’eau, ce qui équivaut à 1 pack de 9 litres d’eau par jour rien que pour son utilisation du numérique !
3. Tension sur l’énergie
À quelle étape la tension sur l’énergie est-elle la plus importante ?
- 50% lors de fabrication et 50% lors de l’utilisation des terminaux.
On parle ici d’énergie primaire nécessaire à la fabrication des matériels et de l’électricité qu’ils consomment.
L’énergie primaire est d’abord transformée en énergie finale. Lors de cette transformation, les 2/3 sont perdus et donc qu’1/3 n’est utilisable à la prise.
Il faut savoir qu’il y a un lien de causalité entre la production d’énergie et les gaz à effet de serre. Dans chaque pays ce ratio est plus ou moins important. Exemples :
- En France, 78% de la production électrique est issue de source primaire nucléaire. Les kWh « émettent » essentiellement des déchets radioactifs et de la vapeur d’eau.
- En Chine, lieu de production d’un grand nombre d’équipements, l’énergie primaire est fournie à 60% grâce au charbon, méthode la plus génératrice de GES.
4. Emission de GES contribuant au réchauffement global
À quelle étape les émissions en gaz à effet de serre sont les plus importantes ?
- 85% lors de la fabrication et 15% lors de l’utilisation des terminaux.
Il y a plusieurs types de GES : la vapeur d’eau, le dioxyde de carbone qui sert aussi d’unité de mesure, le méthane, le protoxyde d’azote etc…
Par son utilisation du numérique, chaque utilisateur émet 450 kg de gaz à effet de serre ce qui équivaut à 8 kms en voiture par jour et par citoyen. Ces émissions de GES ont un impact direct sur un réchauffement global qui dérègle les climats locaux.
La somme de ces 4 impacts constitue ce qu’on appelle l’empreinte numérique du cycle de vie.
Les clefs pour réduire son impact numérique ?
1. Lutter contre l’obsolescence programmée et contre l’utilisation de plus de terminaux
Comme nous pouvons l’analyser, 60 à 80% de la pollution numérique se situe lors de la fabrication des terminaux. C’est donc à ce niveau que notre levier est le plus impactant pour agir sur la pollution numérique.
Réduire son nombre d’équipements et allonger la durée d’utilisation de ces équipements, ce qui va toujours actuellement dans le sens opposé du courant qui est d’utiliser toujours plus de terminaux et pour une durée toujours plus limitée.
En 30 ans, nous avons divisé par 3 la durée de vie de nos équipements :
Passant en 1985, d’une durée de vie 10,7 ans avec des facilités d’upgrader, réparer, reconditionner, recycler les équipements à des durées de vie de 3 à 10 ans avec des difficultés, voir impossibilité à upgrader, réparer, reconditionner et recycler.
2. Eco-concevoir les logiciels pour éviter le changement des terminaux et limiter les impacts lors de l’utilisation.
Autre raison pour laquelle nous changeons nos terminaux : les logiciels rament !
Les éditeurs de logiciels / sites peuvent écoconcevoir leurs parcours utilisateurs pour éviter de générer des lenteurs et donc un besoin de revoir son parc numérique. De même en dégraissant les obésiciels existants.
L’autre impact de ce dégraissage est aussi de limiter le nombre d’aller-retour au serveur. Un acte métier écoconçu sera très ergonomique, sans gras pour permettre une navigation fluide et intuitive !
3. Refactoring de code
Aujourd’hui, les métiers ont des besoins à satisfaire toujours plus rapidement ! Néanmoins faire du code en quick & dirty ne laisse pas de temps au refactoring. Cette étape est cruciale pour réussir la maintenance du code source et l’optimiser (redondance, duplication).
Ces efforts de réusinage réduisent l’impact énergivore des programmes.
Les projections futures des experts sont plutôt pessimistes concernant l’évolution de notre empreinte numérique, comme je le disais en intro, elle est aujourd’hui de 3 – 4% et avoisinera demain les 6%, c’est-à-dire quasiment le double…
À nous d’agir en évitant de succomber aux nouvelles tendances numériques (5G, reconnaissance faciale des yeux, et bien plus…), identifions les nouvelles techniques marketing sous couvert de vert des géants. Ne soyons pas dupes !
Sources chiffrées de cet article : www.greenit.fr
Merci à Morgane pour l’écriture de cet article !
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Mes sujets préférés sont les données, les besoins métier et… le Développement Durable ! Croyez-moi les 3 s’associent très bien !
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